Ballade pour six balles aux Badlands
Sinueuse et grimpante, la route sortait de la vallée couleurs chaires de cette chère rivière Red Deer pour s'élancer rectiligne à travers l'infini des champs plats de canola. Sous un grand soleil baigné de bleu, le petit cube s'élançait un peu plus vers l'est, bercé au rythme à languir des bandes sonores de westerns italianisants, de swing texan, et de Patsy Gallant.
Câlins pour côboye
D'une glisse d'acier aux genoux
Western sauce poutine
Quatre jours au loin déjà, l'ombre de la chaîne des montagnes de la côte n'était qu'un souvenir délavé par les pluies abondantes. De ce lointain appel à tâter du dinosaure dans les dunes de sable du désert de Gobi, de cette envie de me la ukuléler douce dans les kitsch archipels du tiki, seules restaient les conversations avec maîtres corbeaux glanées le long de ces sept années en orpailleur. De l'or du fond des rus, j'y laissais mon lot de plumes sur les rives du Pacifique.
Résonnent au Col Blanc
Dunes chantantes de Mongolie
Lœss soufflé à l'est
D'un cube lancé au levant, le ponant s'acheminait de plus en plus au soleil rougissant. Avant de partir de Drumheller, une oracle locale à l'ombre d'un titanesque Tyrannosaure m'aiguilla avec force énigme vers le Parc provincial des Dinosaures où je souhaitait en rencontrer en rêve et en os. Au foncement de l'horizon, au rougeoiement doux à mon cou, je dû me rendre à l'évidence: à force énigme pour tout aiguillonage , on perd le fil du voyage. J'étais de nouveau seul dans une mer de graminées, à chercher un endroit pour sommeiller.
Souffle en la vallée
Le cri rauque de l'urubu
L'œil sec du T. rex
Grondement d'estomac et paupières sautillantes, basses furent mes attentes. Un motel miteux pour couple prompt à s'accoupler en poulpe à la croupe sera probablement mon port d'attache, quitte à ouïr les jouir des corps en attaque sous les draps plei s de taches. Mais dans ce vaste horizon, entre ciel et sol, où chante la corde de sol en brèves glissade, à ma vue aucun signe de rédemption.
Bel embourbement
Bien imbibé au bourbon
La bite au Barbèque
Soudain, parmi le flot des épis de blé par les vents fouettés en cette plaine vide de tout denivellé, mon salut me salue sous forme de pavillon en éclosion ! La vallée de l'aigle -puisque c'est son nom- m'invite au sein de son campinge. Las par l'heure tardive, las de conduire, las et affamé, c'est là que ma tente se plantera. L'attente ne sera que de 5 km...
Trajet sur billard
Avide vers l'horizon vide
Plomb sous les paupières
Arrivé au portail, deux silencieux et stoïques cerbères de pierre m'accueillent. Étrange impression, en plein sud-ouest de la Saskatchewan, deux têtes de l'île de Pâques... Le reste du campinge etait de la même eau tropicale: bureau d'accueil tout en décor kitsch, allées nommées d'après des îles du Pacifique Sud, et bricàbraque pseudo exotique. Même l'étagère des dépliants touristiques attirât mon regard de côboye solitaire en quête d'insolites terres: proximité d'un désert de dunes de sables, rassemblement de côboye-poete (pouet-pouet), même un village dédié au culte du roi tyrannosaure...
Trois doigts dans l'argile
Sur la piste d'un côboye kitsch
Paradinosaure
Sirotant un explosif cocktail de téquila And tonic (oui, un t&tyrannosaure), je savais que je devais quitter cet improbable paradis dès les premières lueurs sans avoir la chance de plonger à même ses trésors. Mon destin était tout autre, poussé par une odyssée toujours un peu plus à l'est, vers ma pélénopienne Hélène . Mais si vous pensez que je n'y remettrai jamais les pieds, faut pas rêver!